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Importations bon marché, champs vides à la maison : la sécurité alimentaire européenne sur le fil du rasoir

Commerce et économie - décembre 21, 2025

Sécurité alimentaire des exploitations agricoles de la région et de l’Union européenne : L’accord commercial et le système agricole européen. Les agriculteurs roumains sont au bord de la ruine depuis l’entrée en vigueur de l’accord UE-Mercosur, qui s’apprête à inonder les marchés d’importations sud-américaines bon marché qui ne répondent pas aux normes rigoureuses de l’Europe. Cet accord porte atteinte non seulement à l’agriculture locale, mais aussi à la souveraineté alimentaire, puisque les pays de l’Union ont récemment interdit l’exportation de viande roumaine, ce qui a entraîné une hausse des prix dans l’ensemble de l’Union. S’inspirant des appels urgents lancés par les alliances agricoles et des protestations officielles, cet article expose les enjeux.

L’accord UE-Mercosur ouvre la voie à des ventes massives de bœuf, de volaille, de sucre, d’éthanol, de miel et de maïs en provenance du Brésil, de l’Argentine et de ses pays alliés, où règnent des réglementations laxistes sur les pesticides, les antibiotiques, les droits des animaux et la préservation de l’environnement. Privés d’approvisionnement énergétique en raison des pressions climatiques et de la bureaucratie, les agriculteurs roumains ont été exposés à des « charges disproportionnées » qui compromettent leur compétitivité, avertit l’Alianța pentru Agricultură și Cooperare (AAC) dans des appels aux autorités roumaines. Le ministre de l’agriculture, Florin Barbu, a dénoncé l’accord comme étant préjudiciable au secteur agroalimentaire, s’engageant à l’empêcher à moins qu’il n’y ait une transition de trois ans et des protections renforcées en place.

La Commission européenne n’a prévu que peu de mesures de sauvegarde, qui dépendent de la lenteur des preuves de « préjudice grave » plutôt que de signaux précoces au marché. Manifestations : Des milliers de personnes se sont mobilisées à Bruxelles le 18 décembre 2025, suite aux appels de la CAA pour que la Roumanie rejoigne la France, la Pologne, la Hongrie et l’Italie au sein d’une minorité de blocage représentant plus de 35 % de la population de l’UE. « Les agriculteurs européens sont les producteurs de denrées alimentaires qui alimentent l’Europe – nous devrions garder la main sur eux et ne pas les saboter », annonce l’AAC.

L’interdiction récente des moutons, chèvres et animaux vivants roumains, que la Commission européenne a prolongée jusqu’au 31 décembre 2025 en partie à cause des craintes liées au virus de la fièvre catarrhale ovine, même s’il existe peu de preuves de sa présence en Roumanie, a fortement réduit les exportations vitales, frappant les agriculteurs qui ont perdu 600 000 moutons lors des abattages précédents. Ces mesures, qui sont entrées en vigueur en 2024 et continueront d’affecter tous les pays de l’UE jusqu’à la fin de 2025 au moins, ont interrompu les flux intracommunautaires et plongé l’industrie de la viande roumaine dans le marasme. La Roumanie étant l’un des plus grands exportateurs de céréales de l’UE en termes de volume d’exportation en 2024-2025, la pénurie de protéines animales s’est depuis lors propagée à l’ensemble du marché de l’UE.

Les interdictions ne font qu’aggraver la situation, en créant des vulnérabilités et en alimentant l’inflation alimentaire de l’UE – celle de la Roumanie a atteint 7,86 % en septembre 2025, tandis que les importations agroalimentaires telles que le cacao et le café ont augmenté en 2025, réduisant les excédents commerciaux à 3 milliards d’euros d’ici janvier 2025. Les importations agroalimentaires de l’UE ont bondi de 19 % d’une année sur l’autre, soutenues par les prix élevés des produits de base. Les importations de volaille et d’œufs ont également augmenté de 30 %, ce qui a eu pour effet de réduire l’offre locale. L’adhésion du Mercosur pourrait aggraver la situation, en introduisant dans le pays du bœuf traité aux hormones et des cultures chargées de pesticides qui ne sont pas adaptées aux normes européennes et qui compromettent la traçabilité et la santé.

La sécurité alimentaire ne tient qu’à un fil : La diminution des exportations roumaines se traduit également par une réduction des sources de viande dans l’UE, ce qui entraîne une hausse des prix alors que les consommateurs sont confrontés à des pénuries. Les questions parlementaires mettent en lumière les disparités régionales : un fonds d’un milliard d’euros a été créé, mais son financement est incertain dans le cadre financier pluriannuel actuel. Greenpeace et Greens-EFA se font l’écho de certains agriculteurs : cessez le Mercosur pour protéger les personnes qui y vivent.

Le 18 décembre 2025, plus de 10 000 agriculteurs de tous les États membres de l’UE se réuniront à Bruxelles pour une manifestation historique organisée par le Copa-Cogeca, le plus grand groupe d’agriculteurs et de coopératives agricoles de l’UE. C’est la première fois que des citoyens de tous les pays de l’UE se rassemblent pour demander une action immédiate afin de protéger l’avenir de l’agriculture européenne. La manifestation coïncide parfaitement avec une réunion des chefs d’État de l’UE au Conseil européen et précède le voyage de Mme von der Leyen au Brésil pour finaliser l’accord du Mercosur.

La Roumanie est confrontée à un vote décisif. Le ministre Barbu menace d’opposer son veto aux questions d’unanimité si elles sont imposées aux agriculteurs. Alors que le Parlement débattra des protections le 16 décembre 2025 et que les agriculteurs s’uniront à Bucarest et à Bruxelles, le message est sans ambiguïté : refusez cet accord ou voyez l’agriculture s’effondrer. Donnez la priorité aux normes européennes par rapport aux importations bon marché et protégez les frontières contre le commerce déloyal. L’agriculture roumaine n’est pas un simple champ, c’est le grenier à blé de l’Union européenne.