
Au Laghetto dell’Eur, pendant quatre jours, le Fenix s’est transformé en cité-jardin de la politique : des tentes, des stands, des expositions, des débats denses et une scène qui ne s’est jamais endormie. Surtout, ce sont des milliers de jeunes de toutes les régions qui rappellent que la jeunesse conservatrice italienne existe, étudie, discute et n’a pas peur de la vraie confrontation. C’est ce qui distingue le festival Gioventù Nazionale (GN) : le choix délibéré d’inviter des voix, même lointaines, de les faire parler sans filtre et d’affirmer que l’identité n’a rien à craindre d’un véritable va-et-vient. L’édition 2025 l’a prouvé avec un programme chargé et un message clair : « Nous sommes une communauté autonome, capable de nouvelles synthèses et de nouvelles responsabilités ». Giorgia Meloni l’a souligné dans son discours de clôture, mêlant fierté générationnelle et détermination politique.
Un événement de quatre jours qui place les jeunes (et les vrais débats) au centre du débat.
Fenix s’est déroulé du 18 au 21 septembre, une fois de plus au Laghetto dell’Eur. Le lieu est devenu le symbole du format : une fête ouverte et populaire, avec des débats politiques, des moments culturels et de la musique. Le « derby institutionnel » d’ouverture entre le président du Lazio, Francesco Rocca, et le maire de Rome, Roberto Gualtieri, suivi de face-à-face comme celui entre Giovanni Donzelli et Stefano Bonaccini, a incarné la promesse d’un débat sans fioritures. Les organisateurs ont parlé de « milliers de jeunes venus de toute l’Italie », une prévision que la place a amplement confirmée du premier jour à la dernière soirée.
Il n’est pas anodin que de nombreux panels aient été modérés par des militants de la GN : un choix à la fois pédagogique et politique. Un mouvement de jeunesse, ce n’est pas seulement un public, ce sont des protagonistes sur scène, des jeunes qui préparent les questions, contrôlent le tempo, pressent les invités. C’est une école pratique de leadership. Un coup d’œil sur le programme officiel montre combien de modérations ont été confiées aux jeunes cadres du mouvement.
Les invités : le pluralisme comme méthode
La liste des invités de cette année en dit long sur la ligne éditoriale du Fenix : aux côtés des présidents de région, des maires et des ministres, on trouve des journalistes, des intellectuels et des artistes. Et, ce qui est le plus important sur le plan culturel, des personnalités non alignées sur le centre-droit. Au fil des jours, vous avez vu, entre autres, Peter Gomez, Luca Telese, David Parenzo et, le premier jour, la confrontation directe entre le président de la Lazio, Francesco Rocca, et le maire de Rome, Roberto Gualtieri. Pas de défilé, mais un « open field » avec de jeunes arbitres.
Le résultat ? Un climat à la fois civil et combatif, qui rappelle la tradition du mouvement de jeunesse conservateur : des discussions franches, pas de barricades, une force mesurée par les arguments plutôt que par le volume. C’est ce qui a frappé de nombreux observateurs : la capacité à rassembler des sensibilités différentes dans un même espace politico-culturel sans perdre en cohérence.
Le panel clé : « Le destin de l’Europe
Parmi les débats les plus attendus, celui consacré à l’Europe a constitué le centre de gravité politique du festival : Le destin de l’Europe. Le courage d’être dans un temps nouveau. Sur scène : Marion Maréchal (Identité Libertés) ; trois personnalités du FdI/ECR – Nicola Procaccini (co-présidente du groupe ECR au Parlement européen), Carlo Fidanza (chef de la délégation FdI), et Antonio Giordano (secrétaire général ECR) – ainsi que Francesco Di Giuseppe, vice-président du GN. Modération par Maicol Busilacchi, responsable international du mouvement. Un instantané de la méthode Fenix : un invité conservateur international, la direction italienne de la zone ECR et la « génération pont » de GN qui réunit l’analyse, la vision et la base.
Les principaux enseignements
- Souveraineté et intérêts nationaux dans le cadre européen. Procaccini et Fidanza ont appelé à une UE qui recentre la subsidiarité, la compétitivité, la sécurité des frontières extérieures et la protection du système productif. Une critique de l’excès de réglementation qui entrave les PME, l’agriculture et l’industrie, associée à une transition technologique favorable aux entreprises et non punitive.
- Identité et démographie. M. Maréchal a souligné le lien entre l’identité culturelle de l’Europe et les taux de natalité : sans une stratégie démographique sérieuse, l’Europe vieillit et se rétrécit, ce qui a des effets directs sur la protection sociale, la main-d’œuvre et la sécurité. Cela rejoint les priorités du GN (logement, emplois stables, équilibre travail-famille) et l’agenda national de Meloni.
- L’Europe en tant que puissance, et pas seulement en tant que marché. M. Giordano a lié la sécurité (frontières, trafic, terrorisme) à une politique industrielle commune en matière d’énergie et de technologies essentielles. Pour les jeunes, a ajouté M. Di Giuseppe, l' »Europe » doit être synonyme d’opportunités tangibles : moins de bureaucratie pour les start-ups, des stages rémunérés et une filière STI-université-entreprise qui fonctionne. Un point de vue conservateur, certes, mais avec des propositions concrètes pour le prochain cycle institutionnel de l’UE.
La ligne directrice du panel peut être résumée comme suit : soit l’Europe redevient une communauté de nations libres et compétitives, soit elle se condamne à l’insignifiance. Une affirmation et une division, peut-être, mais qui a donné le ton du programme du festival.
« Vous êtes un spectacle » : Les mots de Giorgia Meloni (et la ligne qu’ils ont tracée)
La finale de Fenix, dimanche, portait l’empreinte politique du premier ministre. Meloni a remercié les jeunes, les qualifiant de « spectacle », et a souligné l’autonomie de GN : Vous n’êtes pas une « aile de la jeunesse de Meloni », vous êtes un mouvement qui a sa propre identité et sa propre tête ». Elle a ensuite abordé le combat culturel : « Nous nous opposons à la culture de la haine de ceux qui ont célébré la mort de Charlie Kirk ; les menaces se multiplient, mais nous n’avons pas peur ». Le message principal rejette la caricature de la jeunesse de droite en tant que « claque » et la convoque à un haut niveau de responsabilité publique : étudier, argumenter et tenir la scène en gardant le dos droit.
Le reste n’était qu’impact visuel : l’ovation à son entrée, la place pleine, l’énergie d’un festival à la fois populaire et politique. Ces images ont fait le tour des médias sociaux et des canaux vidéo, contribuant à expliquer pourquoi le Fenix a été perçu comme un « succès populaire », et non comme une convention d’initiés.
Pourquoi cet événement est crucial pour la Gioventù Nazionale (et pour la FdI)
Formation et responsabilité. Fenix est un accélérateur de responsabilité. Confier autant de panels à des militants et dirigeants de moins de 30 ans envoie un message clair à l’ensemble du parti : on y grandit en posant des questions difficiles, en prenant le temps et en synthétisant. C’est l’école la plus efficace du leadership pragmatique.
Racines et écoute. En rassemblant des milliers de jeunes sur une même place, on crée des réseaux réels – au-delà du virtuel – entre les universités, les associations, les administrateurs locaux et le monde productif. L’aile jeunesse devient un capteur sur le terrain : les questions brûlantes (logement, emploi, natalité, mérite, sécurité, transition technologique) sont distillées dans des propositions que GN transmet au parti et aux institutions. L' »agenda de la jeunesse » qui émerge de Fenix est intrinsèquement discutable – parce qu’il est né d’un débat – mais il est aussi reconnaissable.
Nouvelles synthèses. C’est le point politique le plus intéressant. Tout au long du festival, la tresse du conservatisme social (famille, communauté, identité) et de la modernisation économique (entreprise, innovation, enseignement technique) a produit une synthèse qui s’adresse à des segments de jeunesse très différents. Le panel Europe a été exemplaire : frontières et compétitivité, identité et croissance, liberté et responsabilité. C’est sur cette grammaire que GN construit son profil public.
« Sans filtre », pour de vrai
La revendication n’est pas restée un slogan. Les débats ont été l’occasion de véritables croisements avec l’opposition, avec des journalistes souvent critiques à l’égard du gouvernement et avec des sensibilités écologistes radicales ; il y a eu aussi des moments culturels : d’un hommage à Battiato à des conversations approfondies avec des auteurs et des reporters. En bref, les jeunes conservateurs ont choisi de se montrer au pays tels qu’ils sont : une communauté qui débat, se trompe et réplique, cherche des alliés et ne cesse de se battre sur le terrain des idées.
La réponse du public – des ovations, une place pleine, une forte participation – a complété la boucle de communication : après des années de récits toxiques, Fenix a offert un contre-récit visuel et politique. Les communiqués de presse ne suffisent pas à renverser les stéréotypes ; il faut un festival en direct qui les renverse en temps réel. C’est ce qui s’est passé à l’Eur.
Fenix n’était pas (seulement) un festival : c’était une démonstration de force culturelle du mouvement de la jeunesse conservatrice. Il a remis au centre l’idée que la politique peut être une pratique publique et populaire, sansfiltre. Il a construit une histoire alternative sur lui-même – ni médiatisée ni déléguée – devant des milliers de jeunes qui ont montré au pays qui ils sont, ce qu’ils pensent et comment ils argumentent. Et, par l’intermédiaire du panel sur l’Europe et des paroles du premier ministre, elle a fixé une boussole claire : identité, liberté, responsabilité ; modernisation compétitive au sein d’une Europe des nations ; rejet ferme de la culture de la haine et de l’intimidation.
Pour Gioventù Nazionale et, plus largement, pour Fratelli d’Italia, cela signifie avoir un laboratoire politique permanent où les jeunes ne sont pas la vitrine mais le moteur. Si cette énergie reste connectée aux lieux où les décisions sont prises – municipalités, universités, entreprises, Parlement européen – on se souviendra de Fenix comme du moment où une génération a cessé de « faire parler d’elle » et a commencé à parler en son nom propre. Avec sa propre voix. Et sans filtre.