
De nouvelles mesures réduisent les liens dans le domaine de l’énergie, visent les navires de la « flotte fantôme », les plateformes de cryptographie et des dizaines d’entreprises russes, chinoises et indiennes.
L’Union européenne a dévoilé son 19e train de sanctions à l’encontre de la Russie, visant le cœur des revenus énergétiques et des voies d’évasion financière de Moscou. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé ces mesures radicales à Bruxelles, les présentant comme une réponse directe à l’agression continue de la Russie en Ukraine et aux menaces croissantes qu’elle fait peser sur la sécurité européenne.
« Au cours des derniers mois, la Russie a fait preuve d’un mépris total pour la diplomatie et le droit international », a déclaré Mme von der Leyen, citant les attaques de missiles en cours contre des cibles civiles en Ukraine, le brouillage présumé du GPS de son propre avion et les violations répétées de l’espace aérien en Pologne et en Roumanie. « Face à l’augmentation des menaces pesant sur notre Union, nous répondons par une pression accrue », a-t-elle ajouté, soulignant la détermination de l’UE à renforcer l’isolement économique du Kremlin.
Interdiction accélérée du GNL russe
L’accélération de l’élimination du gaz naturel liquéfié (GNL) russe est au cœur de ce nouveau paquet. La Commission propose d’avancer l’interdiction d’importation à janvier 2027, soit une année entière plus tôt que prévu dans le cadre de la stratégie REPowerEU.
« Il est temps de fermer le robinet. Nous avons économisé l’énergie, diversifié les approvisionnements et investi dans des sources d’énergie à faible teneur en carbone comme jamais auparavant », a déclaré Mme von der Leyen en annonçant le report de l’échéance. Cette décision témoigne de la confiance de l’UE dans sa capacité à s’affranchir complètement du gaz russe, grâce à l’expansion des terminaux GNL, aux fournisseurs alternatifs et à l’augmentation de la capacité d’énergie renouvelable.
Le paquet abaisse également le plafond des prix du pétrole russe à 47,6 dollars le baril, ce qui réduit encore davantage les recettes d’exportation de Moscou. Les géants russes de l’énergie, Rosneft et Gazprom Neft, se verront imposer une interdiction totale des transactions au sein de l’UE, tandis que les actifs des raffineries, des négociants en pétrole et des entreprises pétrochimiques dans les pays tiers, y compris la Chine, seront gelés s’il s’avère qu’ils facilitent les exportations russes.
Lutte contre la flotte fantôme
Pour empêcher la Russie de contourner les sanctions pétrolières existantes, Bruxelles ajoute 118 navires supplémentaires à sa liste noire des pétroliers de la « flotte fantôme », c’est-à-dire des navires qui transportent du brut par l’intermédiaire de structures de propriété opaques et d’itinéraires de navigation clandestins.
Au total, l’UE a ciblé plus de 560 navires soupçonnés d’être impliqués dans des opérations de contournement des sanctions. En restreignant l’accès aux ports européens, aux assurances et aux services maritimes, l’UE vise à couper les voies de communication logistiques qui ont permis au pétrole russe d’atteindre les marchés mondiaux malgré les embargos antérieurs.
Les lacunes financières et les crypto-monnaies sous le feu des critiques
L’énergie n’est pas le seul front. La deuxième grande priorité de la Commission concerne les failles financières que Moscou a exploitées pour financer sa machine de guerre. Le paquet introduit de nouvelles interdictions de transactions pour d’autres banques russes et étend les restrictions à certaines institutions de pays tiers qui facilitent le commerce russe.
Pour la première fois, les plateformes de crypto-monnaies sont explicitement visées. En imposant des interdictions réglementaires et en gelant des actifs, Bruxelles espère perturber les flux de devises numériques qui ont aidé les entités russes à transférer de l’argent en dehors des circuits bancaires traditionnels.
Réduction des chaînes d’approvisionnement militaires
L’UE élargit également sa liste d’interdictions d’exportation de matériaux critiques destinés au secteur de la défense russe. Les nouvelles restrictions concernent les composés chimiques avancés, les composants métalliques et les minéraux stratégiques.
Dans une escalade notable, le paquet inscrit sur la liste noire 45 nouvelles entreprises de Russie, de Chine et d’Inde accusées de fournir l’armée russe ou d’aider à contourner les sanctions. « Nous devons couper les vivres à l’industrie militaire russe afin qu’elle ne puisse pas alimenter sa machine de guerre », a déclaré Kaja Kallas, responsable de la politique étrangère de l’Union européenne. « Notre message est clair : toute personne soutenant la guerre de la Russie ou cherchant à échapper à nos sanctions en subira les conséquences.
Utilisation des avoirs russes gelés
Parallèlement aux sanctions, Mme von der Leyen a annoncé que la Commission présenterait bientôt une proposition visant à utiliser les bénéfices générés par les avoirs russes gelés au sein de l’UE pour financer l’aide militaire à l’Ukraine. Cette mesure, qui fait depuis longtemps l’objet de débats entre les États membres, pourrait débloquer des milliards d’euros pour la défense de Kiev sans nécessiter de contributions supplémentaires de la part des contribuables.
« Je compte maintenant sur les États membres pour une adoption rapide du paquet », a insisté Mme von der Leyen, appelant à l’unité des 27 capitales de l’UE pour garantir que les mesures entrent en vigueur sans délai.
Un signal de détermination
Le 19e train de sanctions démontre que l’UE est prête à intensifier la pression sur la Russie sur plusieurs fronts : l’énergie, la finance, la technologie et les chaînes d’approvisionnement militaires. En accélérant l’interdiction du GNL, en resserrant les plafonds pour le pétrole et en s’attaquant aux plateformes de crypto-monnaie et aux intermédiaires de pays tiers, Bruxelles envoie un message clair : l’engagement de l’Europe envers l’Ukraine reste ferme.
Il reste à voir si ces mesures affaibliront de manière significative l’effort de guerre de Moscou, mais la portée et l’ampleur des dernières sanctions soulignent une réalité essentielle : L’Europe ne desserre pas son étreinte. Au contraire, comme l’a clairement indiqué Mme von der Leyen, elle la resserre.