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2 000 emplois, une échéance manquée : La crise de Lukoil révèle les faiblesses de la Roumanie en matière d’énergie

Commerce et économie - novembre 26, 2025

La semaine dernière, le délai de vente de Lukoil pour la raffinerie Petrotel de Ploieşti a expiré. Dans le cœur pétrolier de la Roumanie, l’air est chargé d’inquiétude et d’incertitude, non seulement pour l’économie, mais aussi pour plus de 2 000 travailleurs dont l’emploi est aujourd’hui menacé.

Ce qui était autrefois un district industriel animé est aujourd’hui le signe d’une mauvaise gestion, de l’inaction du gouvernement et même de la façon dont la géopolitique peut entraver les industries d’un pays. Les sanctions internationales contre les compagnies pétrolières russes telles que Lukoil et Rosneft ont eu des effets dans toute l’Europe. Elles ont perturbé les chaînes d’approvisionnement et laissé une cinquantaine de pétroliers transportant du brut russe sans échappatoire dans les ports européens.

En Roumanie, l’impact a été terrible : Petrotel Lukoil, en activité depuis 1998, n’est plus en mesure de trouver un endroit sûr où s’installer. Le gouvernement ne veut pas racheter la raffinerie en raison de la pression internationale croissante. Selon Marius Lulea, vice-président de l’AUR, cette décision a été perçue par beaucoup comme une mesure dangereuse qui pourrait transformer le pays en une « poudrière économique ». Certains fonctionnaires pensent que l’intervention de l’État pourrait sauver des emplois et garantir que les approvisionnements locaux n’ont pas été coupés de la demande. Il se peut toutefois que la coalition au pouvoir estime que le risque d’une telle « nationalisation » est bien plus grand que ses avantages à court terme. Elle met en avant les risques financiers considérables et l’instabilité politique qui accompagnerait certainement cette position. La situation est différente de celle des autres pays de l’UE, qui sont plus interventionnistes. Un groupe de 2 000 travailleurs est le plus touché par cette raffinerie. Ils ne sont pas tout à fait certains de ce qu’il adviendra d’eux à l’avenir, car les négociations s’éternisent alors qu’il n’y a pas d’acheteur unique en vue.

Des fonctionnaires et des dirigeants syndicaux ont fait part de leur colère. Le ministère de l’économie ne fait que peu ou pas de promesses ambitieuses, ce qui constitue un dangereux manque de vision. Le secteur pétrolier roumain est déjà en difficulté, en raison de problèmes d’infrastructure et de l’évolution des prix mondiaux du pétrole. Cette confusion est à l’origine de problèmes encore plus graves. Petrotel Lukoil est sur la sellette, ce qui signifie que le pays risque de perdre une importante source de production industrielle et énergétique. La fermeture de la raffinerie pourrait entraîner de nombreux licenciements et une baisse des recettes fiscales, ainsi que des tensions sociales pour des villes comme Ploieşti.

Dans d’autres parties de l’UE, les gouvernements se sont montrés plus agressifs. En Allemagne et en Italie, les autorités ont temporairement pris le contrôle d’actifs appartenant à la Russie, souvent au nom de la sécurité nationale, afin de préserver les emplois et les flux d’énergie jusqu’à ce que des acheteurs stables et non russes puissent être trouvés ailleurs. Il s’agit là de moyens très controversés, mais réalisables, qui laissent la place à un changement de stratégie.

Deux autres voisins d’Europe de l’Est, la Hongrie et la Bulgarie, adoptent un point de vue plus équilibré. Ils discutent avec des entreprises russes tout en cherchant d’autres solutions, parfois avec l’aide de fonds européens. La différence reflète le peu de moyens dont dispose la Roumanie, car les inquiétudes concernant le risque russe ont parfois empêché le gouvernement d’agir. De nombreux commentateurs et anciens fonctionnaires, y compris l’ancien président Traian Băsescu, insistent sur le fait que le gouvernement actuel aurait dû fixer des délais plus longs avec le Trésor américain, dont le régime de sanctions a un impact important sur les entreprises russes à l’étranger. Les opérations roumaines de Lukoil luttent contre ce manque, leur réaction est lente et leur vision stratégique est insuffisante. Il semble de plus en plus difficile pour elles de s’en sortir. Certains de ces choix indiquent que le gouvernement, collectivement, n’a pas protégé les secteurs clés contre les chocs extérieurs. Au lieu d’utiliser les règles et les connaissances de l’UE comme guide, les décideurs politiques ont décidé d’éviter les risques plutôt que de s’appuyer sur les réglementations et les connaissances de l’UE. Pour certains, il s’agit d’une sage décision, mais elle ne contribue pas vraiment à protéger le pays contre des dommages économiques réels.

Les critiques de droite affirment que l’industrie pétrolière ne peut éviter le désastre que si ses politiques sont transparentes et rigoureuses, et reposent sur des négociations prudentes plutôt que sur des vœux pieux. Le gouvernement subit des pressions pour « nationaliser » les grands actifs en difficulté, mais il a un autre impératif : Il a pourtant un autre impératif : protéger les emplois et venir en aide aux communautés touchées. L’expérience européenne montre la voie à suivre : Protégez brièvement l’industrie, négociez âprement et cherchez des solutions de sortie qui équilibrent les risques et les besoins locaux.

La Roumanie doit tirer les leçons de ces erreurs avant de perdre son principal atout pétrolier, non seulement à cause des sanctions, mais aussi parce que le gouvernement n’arrive pas à se décider.