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L’impact des droits de douane américains sur l’industrie cinématographique européenne et italienne

Commerce et économie - octobre 13, 2025

L’annonce de l’administration américaine d’imposer un droit de douane de 100 % sur les films produits en dehors de l’Italie marque un tournant important dans les relations commerciales entre les États-Unis et l’Europe. Cette mesure, qui intervient dans un contexte de tensions dans les échanges culturels et réglementaires, risque de nuire profondément à la compétitivité de l’industrie cinématographique européenne, et en particulier de l’industrie italienne. Cette décision est une réponse directe aux politiques de l’UE qui imposent aux plateformes de streaming opérant dans l’UE de réserver une part importante de leurs bibliothèques à des contenus européens et de réinvestir une partie de leurs bénéfices dans la production locale.

EFFETS SUR LES FLUX COMMERCIAUX ET LES EXPORTATIONS

La nouvelle barrière tarifaire s’ajoute à une tendance déjà marquée par une baisse des exportations italiennes. Selon les dernières données publiées par l’ISTAT ces derniers jours, les ventes italiennes aux États-Unis ont diminué de 21,2 % en glissement annuel en août, tandis que la baisse globale des exportations hors UE a touché presque tous les principaux partenaires commerciaux, atteignant un pic de -26,1 % en Turquie. Face à ces chiffres négatifs, seuls le Royaume-Uni (+4,9%) et la Suisse (+4,7%) ont affiché des tendances positives. De manière significative, les importations en provenance des États-Unis ont augmenté de 68,5 % au cours de la même période, accentuant le déséquilibre commercial et réduisant l’excédent avec les pays non membres de l’UE à 1,777 milliard d’euros, contre 2,794 milliards d’euros l’année précédente.

LA VULNÉRABILITÉ DE L’INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE

Le secteur audiovisuel européen, qui a porté 4,8 millions de titres sur les écrans américains en 2023, est désormais exposé à la menace d’une marginalisation effective. La distribution américaine représente un élément de revenu essentiel pour de nombreuses productions européennes, en particulier pour les « films événementiels » à gros budget, dont les recettes au box-office dépendent largement des marchés étrangers. L’imposition de droits de douane aussi élevés augmenterait considérablement les coûts pour les importateurs américains, ce qui réduirait inévitablement l’accessibilité et la compétitivité des œuvres européennes dans les salles de cinéma américaines et sur les plates-formes.

L’IMPACT SUR L’ITALIE

Pour l’industrie cinématographique italienne, historiquement caractérisée par une forte propension à la coproduction internationale et une dépendance significative à l’égard de l’exportation de titres comme pierre angulaire de la viabilité économique, l’introduction de mesures tarifaires aussi restrictives érode de manière critique les fondements structurels de l’industrie. Cette vulnérabilité est amplifiée par le rôle que jouent les marchés étrangers, en particulier l’Amérique du Nord, dans le rééquilibrage des budgets de production et dans la reconnaissance artistique internationale. Les conséquences de cet impact ne se limitent pas à la production primaire mais se répercutent de manière systémique, générant un effet domino négatif sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement : de la distribution à la post-production, en passant par les services auxiliaires. Dans ce contexte, la détérioration observée des exportations vers les États-Unis ne doit pas être interprétée comme une simple tendance cyclique, mais plutôt comme un indicateur avancé des difficultés croissantes et profondes auxquelles les producteurs italiens devront faire face pour maintenir leur compétitivité. Parmi les autres facteurs de stress figurent la convergence des barrières commerciales punitives – telles que les droits de douane – et les fluctuations défavorables du taux de change entre l’euro et le dollar. La variation moyenne de 10 % de ce dernier indice au cours des douze derniers mois exacerbe considérablement la pression financière. Cette double contrainte se traduit par une diminution drastique des marges bénéficiaires d’exploitation et remet sérieusement en question la viabilité à long terme des initiatives orientées vers le marché transnational.

DYNAMIQUE MONDIALE ET STRATÉGIES INDUSTRIELLES

Un autre facteur à prendre en compte est la pratique établie des grandes sociétés de production américaines qui utilisent des sites étrangers pour bénéficier d’incitations fiscales et de coûts de production moins élevés. L’adoption de barrières tarifaires va à l’encontre de cette dynamique mondiale et risque d’alimenter les tensions non seulement avec les partenaires européens, mais aussi avec des pays comme le Canada et le Royaume-Uni, qui abritent d’importants centres de production. Il est donc crucial pour l’industrie européenne de développer des stratégies visant à diversifier ses débouchés, à renforcer les canaux de distribution intra-UE et à accroître la coopération avec les marchés émergents afin de réduire la dépendance vis-à-vis du marché américain. L’introduction de droits de douane de 100 % sur les films étrangers par les États-Unis n’est pas seulement une mesure commerciale protectionniste, mais aussi une attaque directe contre le principe de la circulation culturelle internationale. Les conséquences pour les industries cinématographiques européennes et italiennes risquent d’être sévères, amplifiant les difficultés déjà évidentes liées à la baisse des exportations et aux fluctuations monétaires. Dans ce contexte, le renforcement des politiques européennes de soutien au secteur audiovisuel apparaît essentiel pour assurer la compétitivité et la survie d’un secteur stratégique non seulement pour l’économie, mais aussi pour l’identité culturelle du continent.