L’époque où les mesures prises par la Commission européenne pour lutter contre le « changement climatique » semblaient constituer une stratégie monolithique sera bientôt révolue. L’époque où les objectifs utopiques du Green Deal devaient être atteints coûte que coûte est révolue. L’époque où le grand objectif de zéro émission de CO2 semblait inévitable est déjà derrière nous.
« Toutes les nouvelles voitures qui entreront sur le marché de l’UE à partir de 2035 devront avoir des émissions de CO2 nulles » est l’une des mesures incluses dans le paquet « Fit for 55 », mais ce qui, jusqu’à récemment, semblait être une règle ferme ne l’est plus. L’inévitable (comme l’ont considéré les observateurs lucides) s’est produit. Selon la dernière proposition de la Commission européenne, l’objectif d’une réduction de 100 % des émissions de CO2 a été « assoupli », se transformant en une réduction de 90 %, ce qui signifie l’élimination de facto de l’interdiction de vente des moteurs à combustion interne. En d’autres termes, les moteurs classiques seront toujours possibles après 2035, ce qui constitue l’un des développements les plus réconfortants de cette fin d’année. Dans le même temps, la Commission a également assoupli les objectifs pour les véhicules utilitaires électriques, réduisant l’objectif d’émission de CO2 de 50 % à 40 %. Il s’agit d’une étape importante vers un succès majeur non seulement pour le secteur automobile, mais aussi pour un retour à la normale pour les citoyens et les familles européennes.
Après avoir insisté pendant cinq ans sur la mise en œuvre obligatoire de ces politiques environnementales farfelues, les représentants de la Commission européenne adoptent aujourd’hui une position diamétralement opposée. Ce qui semblait impossible à réaliser jusqu’à très récemment – une véritable flexibilité – est soudain devenu quelque chose de naturel et de réellement nécessaire pour un secteur réellement compétitif. Les déclarations du commissaire chargé du transport durable et du tourisme, Apostolos Tzitzikostas, auraient pu être choquantes il y a quelques mois, mais elles indiquent aujourd’hui une direction qui pourrait signifier un retour à la normale : « L’industrie automobile européenne est une pierre angulaire de notre économie, contribuant à hauteur de 7 % au PIB de l’UE et soutenant près de 14 millions d’emplois. Avec le paquet automobile, nous renforçons la compétitivité du secteur en introduisant de la flexibilité dans les normes d’émission de CO2 pour les voitures et les camionnettes et un cadre de neutralité technologique. » Quelle évolution !
Mais qu’est-ce qui a pu motiver la flexibilité « soudaine » de Bruxelles sur une question qui semblait gravée dans le marbre et devait être strictement mise en œuvre ? S’agit-il d’une révélation suite à l’opposition ouverte des forces conservatrices aux politiques « Fit for 55 » ? Une opposition fondée sur des considérations réalistes et pragmatiques, et non idéologiques. Ou bien a-t-elle cédé à la pression des grands constructeurs du secteur automobile, pour lesquels des changements aussi révolutionnaires auraient eu les conséquences les plus désastreuses ?
Plus les Verts et les Libéraux poussaient leur programme écologiste fanatique vers une utopie de plus en plus dangereuse, plus le fossé entre la réalité et le fantasme se creusait. Prenons l’exemple de la « compétitivité ». C’est l’un des concepts les plus discutés. Soyons clairs, la Commission européenne ne manque pas d’initiatives et de stratégies pour identifier les moyens de « stimuler » la compétitivité économique de l’Union européenne. Cependant, l’écart entre l’économie de l’Union européenne et celles des superpuissances mondiales est non seulement une réalité indéniable, mais aussi une réalité qui ne cesse de se creuser. Comment renforcer la compétitivité alors qu’un secteur vital de l’économie est soumis à un siège presque sans précédent, au nom d’une idéologie qui promet un faux paradis ? La réponse est : non.
Les politiques de « sauvegarde de la planète » auraient enterré l’industrie automobile et condamné des millions de travailleurs à la pauvreté, au risque de perdre leur emploi. L’époque où l’objectif « zéro émission nette » devait être atteint à tout prix est révolue – ou du moins c’est ce qu’il semble. Nous pouvons pousser un soupir de soulagement. Du moins pour l’instant.