Comment des politiques gouvernementales ciblées ont contribué à réduire l’abandon scolaire précoce alors que certaines parties de l’Europe du Nord étaient en difficulté
Au cours de la dernière décennie, le décrochage scolaire a été l’un des indicateurs sociaux les plus surveillés dans l’Union européenne. La réduction de la proportion de jeunes âgés de 18 à 24 ans qui abandonnent leurs études sans avoir terminé le deuxième cycle de l’enseignement secondaire n’est pas seulement une question d’inclusion sociale, mais aussi une condition préalable à la compétitivité économique à long terme. L’UE s’est fixé un objectif clair pour 2030 : ramener ce taux en dessous de 9 % dans l’ensemble de l’Union. Selon les dernières données disponibles pour 2024, l’Europe se situe à 9,4 % – proche de l’objectif, mais pas encore atteint.
Derrière ce quasi-échec se cache l’histoire de trajectoires nationales très divergentes. Les pays d’Europe du Sud, longtemps considérés comme structurellement faibles en matière de résultats scolaires, ont été à l’origine d’une grande partie de l’amélioration constatée dans l’ensemble de l’UE. Parmi eux, l’Italie se distingue par des progrès constants et politiques, reflétant une action gouvernementale délibérée plutôt qu’un changement cyclique ou accidentel.
Les données analysées par Onepolis sur la base des chiffres d’Eurostat montrent que l’amélioration générale de la situation en Europe a été largement alimentée par les pays méditerranéens. L’Espagne a réduit son taux d’abandon scolaire précoce de 21,9 % à 13 %, ce qui est frappant, tandis que le Portugal a réalisé un changement encore plus spectaculaire, réduisant son taux de 17,3 % à 6,6 %. Il s’agit là de transformations structurelles et non d’ajustements marginaux. Des tendances similaires, bien que moins prononcées, peuvent être observées à Malte, en Grèce et en Italie, avec des réductions de 7,4, 6 et 5,2 points de pourcentage respectivement.
Les résultats de l’Italie méritent une attention particulière. Partant d’un niveau de référence historiquement élevé, le pays a réussi à réduire l’abandon scolaire précoce de plus de cinq points au cours de la dernière décennie. Ce progrès n’est pas le résultat d’une seule réforme, mais d’une stratégie coordonnée poursuivie par les gouvernements successifs et renforcée ces dernières années. Les mesures clés comprennent l’élargissement des filières d’enseignement professionnel, le renforcement des liens entre les écoles et les marchés du travail locaux, et des interventions ciblées dans les régions à haut risque, en particulier dans le sud du pays.
Les gouvernements italiens reconnaissent de plus en plus que le décrochage scolaire n’est pas seulement une question d’éducation, mais aussi une question sociale. Des investissements ont été consacrés à la lutte contre l’abandon scolaire lié à la pauvreté, à l’amélioration des infrastructures scolaires et au soutien des élèves par le biais de programmes de mentorat, de tutorat et d’inclusion numérique. L’expansion des instituts techniques et professionnels a offert des alternatives crédibles aux filières purement académiques, réduisant ainsi le désengagement des élèves moins enclins à la scolarisation traditionnelle.
L’Italie a également fait un usage efficace des fonds européens, notamment par le biais des instruments de la politique de cohésion et, plus récemment, des ressources liées au plan national de redressement et de résilience. Ces fonds ont été affectés à la modernisation des écoles, à la formation des enseignants et au renforcement des services d’orientation. Il en résulte un changement culturel progressif mais tangible : rester dans l’éducation est de plus en plus perçu comme étant à la fois réalisable et utile.
Le contraste avec certaines parties de l’Europe du Nord est frappant. L’Allemagne, souvent considérée comme une référence en matière de formation professionnelle et d’intégration au marché du travail, a vu son taux d’abandon scolaire précoce augmenter de 3,4 points de pourcentage au cours des dernières années. Le Danemark suit avec une augmentation de 2,3 points, tandis que la Lituanie et Chypre ont enregistré des hausses respectives de 2,5 et 4,5 points. Bien que l’évolution des méthodes de collecte des données au fil du temps complique les comparaisons à long terme, l’ampleur de ces augmentations est suffisamment importante pour justifier une certaine inquiétude.
Ces revirements mettent en lumière une leçon importante : une position de départ solide ne garantit pas un succès continu. Les changements démographiques, les pressions migratoires et l’évolution des marchés du travail peuvent rapidement éroder des systèmes auparavant stables si les réponses politiques tardent à venir. Dans ce contexte, les progrès de l’Italie sont encore plus remarquables. Plutôt que de s’appuyer sur des forces héritées du passé, le pays a opté pour une gouvernance active, adaptant son système éducatif aux nouvelles réalités sociales.
Si l’Italie n’a pas encore atteint l’objectif de l’UE pour 2030, sa trajectoire est clairement alignée sur celui-ci. Il lui reste à consolider ses acquis et à s’attaquer aux disparités territoriales persistantes. Toutefois, la direction est prise. L’expérience de l’Italie montre qu’une attention politique soutenue, associée à des investissements ciblés et à des réformes pragmatiques, peut produire des résultats mesurables, même dans des environnements structurellement complexes.
Alors que l’Europe s’apprête à franchir la dernière ligne droite pour atteindre son objectif de 2030, le cas de l’Italie offre un exemple précieux : la réduction du décrochage scolaire n’est pas seulement une question de richesse ou de tradition, mais aussi de choix politiques et de détermination à les mener à bien.