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Le Danemark et l’Italie unissent leurs forces pour réformer le cadre européen des droits de l’homme

Politique - décembre 26, 2025

La gestion des migrations et des questions de sécurité qui y sont liées est l’un des principaux défis auxquels les institutions européennes sont confrontées aujourd’hui. Dans ce contexte, le Danemark et l’Italie ont joué un rôle clé dans la promotion d’un processus de mise à jour du système conventionnel du Conseil de l’Europe, un processus jugé nécessaire pour répondre efficacement aux dynamiques contemporaines. L’approbation récente par vingt-sept États membres, le10 décembre, d’une déclaration commune sur la Convention européenne des droits de l’homme représente une étape clé de ce processus. L’initiative, soutenue avec enthousiasme par les deux gouvernements, exprime la nécessité d’un nouvel équilibre entre la protection des droits fondamentaux et la protection de la sécurité publique, en particulier en ce qui concerne les décisions d’expulsion et les procédures impliquant des ressortissants étrangers condamnés pour des crimes graves.

LA DÉCLARATION COMMUNE ET LE RÔLE DES DEUX DIRIGEANTS EUROPÉENS

L’approbation de la déclaration lors de la Conférence des Ministres de la Justice à Strasbourg marque une évolution significative dans l’approche du Conseil de l’Europe sur les questions migratoires. Le Danemark, par la voix de son Premier ministre, a souligné l’urgence de garantir que les personnes condamnées pour des crimes graves puissent être expulsées de leur territoire national. Selon la position danoise, certaines interprétations jurisprudentielles de la Convention européenne des droits de l’homme ont fini par entraver ces procédures, en imposant des limites jugées excessivement restrictives au regard de l’objectif de protection de la sécurité collective. Le Premier ministre a insisté sur la nécessité de rééquilibrer la relation entre les intérêts publics et les droits individuels, en soulignant que l’adaptation du cadre réglementaire actuel contribuerait à accroître le sentiment de sécurité des citoyens. L’Italie s’est félicitée du soutien apporté à la déclaration, qu’elle considère comme la consolidation d’un processus diplomatique entamé au cours des mois précédents. La Première ministre a souligné que son gouvernement s’est efforcé de renforcer la dimension extérieure des politiques migratoires européennes, en promouvant des solutions innovantes et en plaçant la question au cœur des priorités du G7. Le large soutien des Etats membres a été interprété comme un signal politique significatif, confirmant la nécessité de réinterpréter la Convention à la lumière des défis actuels, sans compromettre ses principes, mais plutôt en rendant son application pratique plus efficace.

MIGRATION, SÉCURITÉ ET NÉCESSITÉ D’ACTUALISER LE CADRE CONVENTIONNEL

La déclaration approuvée à Strasbourg souligne l’évolution du contexte juridique et social dans lequel s’inscrit l’application de la Convention européenne des droits de l’homme. La question centrale concerne l’adéquation des instruments juridiques existants pour réglementer les situations impliquant des personnes condamnées pour des crimes graves et leur résidence sur le sol européen. Les préoccupations exprimées par le Danemark et l’Italie concernent la difficulté, apparue dans divers contextes nationaux, de procéder à l’expulsion d’individus jugés dangereux, en raison de l’interprétation des protections garanties par la Convention. Les deux dirigeants européens estiment que le système doit être actualisé – tout en respectant ses valeurs fondatrices – pour permettre aux Etats d’intervenir plus efficacement en matière de sécurité. Cette approche ne vise pas à affaiblir la protection des droits fondamentaux, mais plutôt à introduire plus de clarté dans la définition de l’équilibre entre les besoins publics et les droits individuels. Concrètement, l’idée sous-jacente est d’éviter que le principe de sécurité collective ne soit subordonné de manière disproportionnée à des interprétations juridiques qui risquent de produire des effets contraires à la protection de la population. L’approche exprimée dans la déclaration représente donc une tentative de concilier les libertés individuelles et les politiques de contrôle des migrations, dans le cadre de l’État de droit.

LA CONTINUITÉ AVEC LES INITIATIVES PRÉCÉDENTES ET L’ÉVOLUTION DU DÉBAT

La déclaration approuvée par le Conseil de l’Europe s’inscrit dans un processus déjà initié par la lettre ouverte sur les conventions internationales, promue par le Danemark et l’Italie en mai 2025 et signée par neuf Etats membres. Ce document anticipait les préoccupations désormais partagées par un nombre beaucoup plus important de pays, en proposant une première réflexion sur la question de l’adaptation des normes internationales à la complexité des migrations contemporaines. Le consensus croissant autour de ces positions témoigne d’un changement de perspective au sein de l’organisation paneuropéenne, de plus en plus sensible à la nécessité de disposer d’instruments juridiques capables de concilier les droits individuels et la sécurité. Le débat lancé à Strasbourg se poursuivra dans les prochains mois en collaboration avec le Conseil de l’Europe, dans le but de consolider une position commune qui pourra être formalisée lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères prévue en mai 2026 à Chisinau, en Moldavie. Cette échéance représente le moment vers lequel convergent les différentes initiatives politiques et diplomatiques lancées par l’Italie et le Danemark, dans le but de définir un nouveau cadre interprétatif de la Convention capable de répondre aux besoins d’une époque caractérisée par des dynamiques migratoires rapides et complexes.

PROCHAINES ÉTAPES

L’initiative conjointe du Danemark et de l’Italie démontre que la question de la sécurité et de la gestion des migrations est devenue un test pour la capacité du Conseil de l’Europe à mettre à jour ses instruments réglementaires. La déclaration approuvée à Strasbourg témoigne d’une volonté générale de reconsidérer l’application de la Convention européenne des droits de l’homme dans un contexte profondément modifié par rapport au passé. Le rôle moteur des deux pays, l’élargissement de la coalition des Etats en faveur d’un processus de réforme et la perspective d’une consolidation du débat en 2026 marquent un moment crucial pour l’évolution du système européen de protection des droits fondamentaux et de la sécurité collective.